Blog vagabond, culturel et champêtre

mercredi 16 juillet 2008

Poum et les zonzons

Comme animal de compagnie, j'ai juste une petite araignée au plafond. Discrète, très élégante avec ses grandes pattes paresseuses. Pas bavarde, pas gênante, elle a son territoire, j'ai le mien. Je ne sais pas ce qu'elle fait de ses journées, elle ignore tout des miennes. Colocation harmonieuse, en quelque sorte.

Vacances vacantes obligent ou permettent, je vais boire l'apéro chez des gens que je n'ai pas vus depuis longtemps. Elle est bibliothécaire, fille d'enseignants, lui est prof. Je flaire une soirée un peu chiante - je suis de moins en moins sociable, je dois l'avouer - mais sans doute bien arrosée. S'ils veulent refaire le monde, je suis partante, pleine de bonne volonté, mais je ne sais pas s'ils pratiquent encore ce genre de sport.

Accueil par un chien très poilu et bruyant.
- Poum ! Tais-toi, Poum, c'est N. ! Poum ! Arrête ! N'aie pas peur, il fait du bruit mais il est gentil. Ah, ce Poum, il est impossible ! C'est N., c'est pas un zonzon ! Figure-toi qu'il a peur des zonzons...
- Hello ! ... Il a peut-être de bonnes raisons, zonzons. Ha Ha Ha ! Humour nul, je m'en veux déjà.

Poum, c'est le chien, si je comprends bien. Et les zonzons, c'est tout ce qui vole en faisant zzzzzz et qui énerve et parfois pique. Et Poum a peur de tout ce qui vole en faisant zzzzzz et qui énerve et qui parfois pique. Moi aussi, j'aime pas trop. On se comprend, hein, Poum ! Poum est très sociable. Il s'approche, le regard avenant. Câlin. Il fait très chaud, je veux bien un Ricard dans un grand verre avec plein d'eau et de glaçons. Alors, quoi de neuf depuis le temps ? On parle, on parle - tant de choses à se raconter après toutes ces années. Poum pose ses pattes avant sur ma jupe, l'air pâtelin, langue pendante et regard bizarre. Câlin. Câlin. Un peu envahissant, Poum, mais content. Tellement content, qu'il se met à danser un tango langoureux avec mon mollet. D'accord, j'ai de beaux mollets, Poum, mais si tu pouvais t'éloigner je respirerais mieux. Je commence à me sentir crispée.
- Il est toujours comme ça !
Et ça vous dérange pas ? Vous pourriez pas lui trouver une copine de son âge ?
- Complètement névrosé, ton chien ! Ha ha ha !
- C'est ça, quand ça t'arrange, c'est mon chien ! Allez, Poum, viens voir papa !
Il va me lâcher, oui ? Il lui faut une petite invasion de zonzons ?

Je souris poliment, mal à l'aise au milieu de ce trio trouble, bien décidée à prendre congé dès que possible pour rejoindre ma petite araignée. Je suis perplexe : qu'a-t-il bien pu se passer dans la vie de ce couple de professionnels de la culture et de l'éducation, pour qu'ils aient aujourd'hui un Poum névrosé affolé par les zonzons et les mollets féminins ?

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