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Plan de table
Toute la famille est là, réunie pour le repas annuel. Père, grand-père et (du moins l'espère-t-il) bientôt arrière-grand-père, l'aïeul s'est assis le premier, dos à la face nord de la grande salle à manger. Il a faim et s'impatiente. Il est le seul à savoir où est sa place à table, quoi qu'il arrive. Installez-vous, dit-il, ici il n'y a pas de plan de table, chacun se met où il veut. Pas de plan de table, mais des évidences. La fille aînée du côté droit du père. La cadette du côté gauche. L'ex-compagnon de la fille aînée juste à la droite du père. Le mari de la fille cadette juste à la gauche du père. La fille aînée avait gagné une place tout à côté du père en se séparant de son compagnon, elle la reperd. Elle régresse même de deux places, puisque son fils maintenant adulte et cadre de la fonction publique s'assoit tout naturellement à côté de son père, ex-compagnon de la fille aînée. Le fils de la fille cadette, lui aussi fort naturellement, prend place à côté de son père. Depuis ses 21 ans, il n'est plus qu'à une place du patriarche. Les hommes sont donc installés et forment un petit groupe. Comme autrefois à la messe. Comme ça, ils pourront parler, dit l'aïeule. La fille aînée ne voulait pas se retrouver du côté féminin de la table, d'autant qu'elle perd une place supplémentaire en raison de la présence de la petite amie de son fils. Pas question de les séparer, bien sûr. La fille cadette régresse également, pour la même raison. Elle ne va tout de même pas s'intercaler entre son fils et la petite amie de celui-ci. Et puis les deux cousins, qui se font face, pourront parler. Le côté féminin de la table, le plus proche de la cuisine, se compose donc de l'aïeule, de la fille aînée, de la fille cadette et de la petite-fille, trop jeune pour avoir déjà un petit ami. Les petites amies des petits-fils forment comme une ligne de frontière entre la face masculine et la face féminine du repas. Pas de plan de table, non, bien sûr, on est en famille et puis ici on n'est pas chez les bourges. Pas de plan de table, mais une fois encore, tout naturellement, une géographie familiale se dessine aux couleurs de la tradition.
1 commentaire:
Nous on aime pas les réunions de famille. Et comme on en a pas non plus une trés étendue, ça facilite d'autant. En général, le grand-père (peu importe lequel) est assis dos à la fenêtre, encadré par la grand-mère (qui le surveille) à sa gauche et moi (qui l'occupe afin qu'il fiche la paix aux autres) à sa droite. Les parents sont près de la cuisine (donc en face du pépé), et le milieu est libre, même s'il ne reste plus grand monde à placer à part ma sœur. On peut éventuellement rajouter l'oncle paternel, la tante et la cousine (de l'autre coté on les aime pas, donc on les invite pas). Et puis voilà.
On ouvre les cadeaux avant de manger, on fait semblant d'être content même si on se demande quand même ce qui a bien pu leur passer par la tête. Ensuite repas, on discute un peu, un des grand-pères confond encore le prénom de ses deux petites-filles et/ou fait une remarque balourde et/ou rajoute quelque chose au plat chiadé que ma mère a préparé, et enfin dodo entre 10h30 et minuit, selon le coté de la famille présent.
C'est court, ça traîne pas, et c'est très biencomme ça.
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