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dimanche 8 mars 2009

Printemps des poètes (8/31)

Si le Maroc était un visage, ce serait une lumière, une parole du temps, dérive des saisons, énigmes des pierres.

Mon pays est une enfance qui traverse les murailles et les siècles, gardée par un ciel chargé d'oiseaux de passage, signes du lointain.

La terre, jamais muette, sait attendre et danser sous les pieds des femmes.
Le soleil lentement la dénude pendant que des mains éphémères glissent vers la nuit.

La terre, l'enfance et la lune pleine s'enchantent des turbulences, des fièvres et des fleuves en crue.

Et l'origine quitte l'argile pour s'ancrer dans les sables, et les sables c'est le Sud, source et patrie de cette lumière dessinant le visage de mon pays.

C'est aussi la douleur, les larmes dans le silence, les yeux égarés dans le ciel, l'attente pleine de terre humide.

Il est des saisons où toute clarté est cruelle, flamme descendant les monts et les légendes, brûlant les pieds nus des siècles où l'Histoire sème l'oubli des plaies.

Il est des jours où l'Histoire se blesse à l'insu des corps d'âpre orgueil.

Tel est mon corps : ombre affolée dans un jardin d'illusions.


Tahar Ben Jelloun, Les pierres du temps et autres poèmes (Seuil, "Points", 2007)

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