"Tinguely"... vous n'y croyez pas, vous, aux noms phonétiquement prédestinés, ou du moins à cette adéquation du nom et du style, du nom et de l'oeuvre, dont l'évidence s'impose après coup ?
Nous inclinons, pour notre part, à penser que la plupart des créateurs marquants et personnages de légende ne pouvaient, de toute éternité, se nommer autrement qu'ils se nomment. Imagine-t-on Ponge et son verre d'eau mieux désignés que par cette spongieuse bi-syllabe en e muet ? Fangio laissant dans le ciel de la course un autre rugissement mécanique que celui de "Fangio" ? Débaptiseriez-vous Vercingétorix et Savonarole ? (...) Ecoutez plutôt la musique des patronymes, constatez la clairvoyance de l'Etat civil. Kandinsky : tout le dandysme cérébral de la ligne et du point ; Klee : toute l'économie raréfiée du signe ; Matisse (surtout dans le i - deux s - e) : toute l'alchimie du chrome et du cadmium, l'ordonnance d'une palette stricte, la pureté scrupuleuse du geste froid qui sature la couleur ; Kant, même précédé d'Emmanuel : toute l'inaccessibilité monosyllabique du noyau dur de la chose en soi..."
Michel Conil Lacoste, Tinguely : l'énergétique de l'insolence (La Différence, "Matière d'images", 2007)
En novembre 1958, au moment où je naissais, la galerie parisienne Iris Clert présentait l'exposition "Vitesse pure et stabilité monochrome, Jean Tinguely, Yves Klein". Alors que mes cinquante ans approchent, cela me fait bien plaisir de savoir cela. L'oeuvre de Tinguely n'a pas pris une ride, moi quelques-unes ; il va falloir que je m'y fasse...
De « pinchina » à Pinchinat
Il y a 7 heures
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