"Mais les moments les plus fascinants, à l'école, c'était quand le maître nous parlait des bestioles. Les araignées d'eau avaient inventé le sous-marin. Les fourmis élevaient un troupeau qui leur fournissait du lait et du sucre, et elles cultivaient des champignons. En Australie, il y avait un oiseau qui peignait son nid de toutes les couleurs avec une sorte d'huile fabriquée avec des pigments végétaux. Je ne l'oublierai jamais. Son nom est le ptilonorhynque. Le mâle orne son nid tout neuf avec une orchidée pour attirer la femelle."
"Quand les camions s'ébranlèrent, chargés de prisonniers, j'étais parmi les enfants qui coururent après eux, en lançant des cailloux. Je cherchais désespérément le visage du maître pour le traiter de traître et de criminel. Mais le convoi n'était plus qu'un nuage de poussière au loin, et moi, au milieu de l'Alameda, les poings serrés, je ne fus capable que de murmurer avec rage : "Crapaud ! Ptilonorhynque ! Iris !"
Manuel Rivas, "La langue des papillons" in La langue des papillons et autres nouvelles (Gallimard, 2003) - traduit du galicien par Serge Mestre et Ramon Chao. Titre original : A lingua das balboretas.
De « pinchina » à Pinchinat
Il y a 7 heures
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