Les allusions à la porcelaine sont extrêmement fréquentes dans la littérature, souvent sous forme de clichés (teint de porcelaine), parfois de manière plus originale. Dans l'excellent roman de Henning Mankell, Profondeurs, des figurines en porcelaine ponctuent les étapes de la descente aux enfers du personnage principal, Lars Tobiasson-Svartman, jusqu'à la folie de sa femme et son propre suicide.
"Les premières années, il l'avait suivie, comme une ombre, lorsqu'elle se réveillait la nuit et sortait de la chambre à tâtons. Mais elle ne faisait qu'aller aux toilettes, ou se servir un verre d'eau. D'autres fois, elle pouvait rester plantée devant les étagères, face à ses figurines en porcelaine, perdue dans ses pensées, si loin qu'il croyait qu'elle ne reviendrait jamais." (p. 113)
"Elle serra sa main.
- Je veux t'avoir près de moi.
Je ne veux pas être ici, pensa-t-il, en se faisant violence pour ne pas repousser sa main. Je ne veux pas être ici, j'ai peur de cet enfant, des pièces de cet appartement, des figurines en porcelaine avec leurs yeux morts." (p. 220)
"Pourtant, même cela, ce n'est pas vrai, pensa-t-il. Je ne peux parler que pour moi. Elle a sûrement vécu les choses différemment. Si elle est venue jusqu'ici, ce n'est pas seulement pour percer à jour un mensonge, mais aussi pour comprendre comment elle a pu me donner autant d'amour.
Elle a dispensé sa lumière à un rocher glacé. Qui ne s'est jamais réchauffé. Et moi j'ai essayé de l'apprivoiser pendant toutes ces années que nous avons passées ensemble.
Je n'y suis pas parvenu. Elle est restée sauvage, les figurines en porcelaine m'ont induit en erreur. Elle avait plus de facettes que je n'aurais soupçonné. Sous son apparence calme, presque nonchalante, quelque chose d'autre se cachait." (p. 323)
#LVME #05 | vue extérieure, le paradoxe Perec
Il y a 11 heures
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