"Sais-tu ce qui m'a d'abord plu en toi ? L'infinie tristesse de tes yeux. Cette peine profonde, viscérale, de quelqu'un qui a mal au monde entier. Tes yeux sont tristes même quand tu ris. Tu ne le sais peut-être même pas... Tu te souviens de cet été où nous passions des journées entières allongés au jardin, et où tu me racontais de si belles choses ? Quand la boîte magique s'est cassée, tu te rappelles la boîte magique ? Mon Dieu, que c'est loin ! C'est peut-être à ce moment-là que je suis tombée amoureuse de toi. Cet été-là, quand, allongée près de toi, j'écoutais ta voix des heures durant."
Robert Hasz, La forteresse - traduit du hongrois par Chantal Philippe (Viviane Hamy, 2002)
Blog vagabond, culturel et champêtre
lundi 30 juin 2008
dimanche 29 juin 2008
La langue des papillons
J'ai emprunté le nom de ce blog, ainsi que mon pseudonyme, à une nouvelle de l'écrivain galicien Manuel Rivas, qui écrit généralement dans la langue de sa région natale, le galicien ou galego (très proche du portugais).
Le titre original, A lingua das balboretas, me permet de vérifier une fois de plus que le mot "papillon" est le plus beau de tous les mots de toutes les langues. Balboretas, Schmetterling, butterfly, papillon...
Avant de lire La langue des papillons, je ne savais pas que les papillons avaient une langue ; je ne m'étais d'ailleurs jamais posé la question. Ils ont une langue, donc, mais quelle langue parlent-ils, eux, les papillons aux si jolis noms ?
Cette nouvelle a été portée à l'écran en 2001 par José Luis Cerda sous le titre espagnol La langua de las mariposas. Mariposas, c'est magnifique aussi !
Extrait (traduit du galicien par Serge Mestre et Ramon Chao, publié chez Gallimard en 2003):
"La langue d'un papillon ressemble à une trompe enroulée comme le ressort d'une montre. Lorsqu'il est attiré par une fleur, le papillon la déroule et l'introduit dans le calice pour aspirer le pollen. Quand vous plongez le doigt humide dans un sucrier, vous sentez un goût sucré dans votre bouche, n'est-ce pas, comme si le bout du doigt était le bout de la langue ? Eh bien, la langue des papillons, c'est pareil."
samedi 28 juin 2008
Sentier d'été
"Une odeur forte d'herbes sèches, de terre chaude, une odeur d'été monte de partout, enivrante. Nous avançons tranquillement sur le chemin caillouteux, et je transpire un peu. Vieilles sensations, sensations heureuses, qui remontent, diffuses, de la mémoire de mon corps. La marche régulière, un pas après l'autre, la chaleur odorante de l'été me rappellent de manière confuse d'autres sentiers de montagne, des odeurs de thym, de lavande, des oiseaux de proie planant dans l'air immobile, et le visage rieur de Jean qui se tourne vers moi, en contre-jour dans le soleil."
Brigitte Le Treut, Lumière du soir (Viviane Hamy, 1994)
Brigitte Le Treut, Lumière du soir (Viviane Hamy, 1994)
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