"Bledyard, comme à son habitude, était très à l'aise dans son silence ; il faisait aller sa grosse tête de droite et de gauche, doucement, comme s'il venait de la mettre en place et vérifiait si elle tenait bien. Il était difficile de lui donner un âge. Mor pensait qu'il devait être encore très jeune, c'est-à-dire dans la trentaine. S'il n'avait eu l'air aussi bizarre, il aurait pu être beau. Sa masse de cheveux noirs parfaitement raides qu'il portait assez longs se balançait légèrement quand il bougeait ou parlait. Il avait un large visage lunaire et un cou de taureau, de grands yeux lumineux d'oiseau de nuit et un gros nez. Sa bouche était informe, parfois ouverte et pendante. Il avait de bonnes dents mais en général elles étaient cachées derrière ses lèvres charnues. Il souriait rarement. Ses mains aussi étaient trop grandes et se déplaçaient au ralenti. Bledyard souffrait d'une difficulté d'élocution qu'il surmontait en partie en répétant deux fois certains mots quand il parlait. Il le faisait avec une sorte de lenteur réfléchie qui rendait son discours risible. On s'était depuis longtemps aperçu qu'une conférence de Bledyard plongeait l'école entière dans une hilarité hystérique au bout de quelques minutes (...)."
Iris Murdoch, Le château de sable
élégance de la frappe
Il y a 12 heures
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