"Elle leur avait dit tout ce qu'elle savait, savait à moitié, devinait et devinait à moitié, tout jusqu'à la lie, mais elle n'avait pas pleuré, elle ne s'était même pas plainte. Comment se faisait-il qu'elle se soit ralliée si vite à leur camp ? Qu'était-il arrivé à la rebelle en elle, à ses légendaires capacités d'argumentation et de résistance si appréciées du forum familial ? Pourquoi n'avait-elle pas tissé sa toile de mensonges, comme pour Herr Werner ? Etait-ce le syndrome de Stockholm ? Elle se rappela un poney qu'elle avait eu, Moritz. Moritz était un délinquant. Impossible à dresser, impossible à monter. Aucune famille dans tout le Bade-Wurtemberg n'en voulait - jusqu'à ce qu'Annabel en entende parler et, histoire de faire montre de son pouvoir, passe outre l'avis de ses parents et collecte des fonds auprès de ses camarades d'école pour l'acheter. Quand Moritz fut livré, il donna un coup de pied au palefrenier, creusa un trou dans son box avec son sabot et s'enfuit dans le paddock. Mais le lendemain matin, quand Annabel se précipita dehors pour le voir, il avança vers elle, baissa la tête pour accepter le licou et devint à tout jamais son esclave. Il avait fait une ventrée de rébellion et voulait maintenant que quelqu'un d'autre prenne ses problèmes en charge."
John Le Carré, Un homme très recherché (Seuil, 2008) - traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle Perrin
De « pinchina » à Pinchinat
Il y a 1 jour
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