Blog vagabond, culturel et champêtre

jeudi 30 octobre 2008

Education lubrique

En ces temps de morosité enkystée, la parution d'un nouveau livre de Lydie Salvayre ne peut être qu'un antidote salutaire. Le Petit traité d'éducation lubrique (éditions Cadex, 12 € seulement), on le trouve depuis aujourd'hui chez les bons libraires - les autres, il faut les secouer un peu.



Voici ce que promet l'éditeur :

"Ce Petit traité désopilant propose aux hommes comme aux femmes de peaufiner leur éducation des plaisirs charnels : étreinte préliminaire, positions, coutumes amoureuses, culturelles et religieuses... Jubilatoire !

Cette quête du bonheur par la voie libidineuse est, de toutes les traditions philosophiques, la plus ancienne et la plus assurée. Avec un humour pince-sans-rire, Lydie Salvayre nous entraîne dans une joyeuse farandole de références (Schopenhauer, Sainte Thérèse d’Avila, Oscar Wilde, Rousseau...), et de situations cocasses. Ce Petit traité, par ses clins d’oeil malicieux, nous invite à jouir de la vie, et à vivre en jouissant."

Pile poil ce qu'il nous faut !

lundi 27 octobre 2008

Séraphine

"Il y a du tigré, du moucheté, du velu, du chevelu, du rayé, de l'écailleux, du cachemire, des pois, du bariolé, dans les tableaux de Séraphine. On dirait que ça ondule dans les nervures, que ça vibre dans la ramure, que ça grouille dans les fleurs, dans les arbres, les feuilles, les fruits. Des insectes, des oiseaux, des plumes, faisans, paons, pintades apparaissent, se bousculent. Séraphine fait vibrer les teintes, superpose les couches, les empâtements.
Elle se permet tout."

Françoise Cloarec, Séraphine : la vie rêvée de Séraphine de Senlis (Phébus, 2008)

jeudi 23 octobre 2008

Ciels variables

Avant de devenir bibliothécaire, j'étais un jeune homme timide au regard triste. Ma peau de roux, ma mélancolie chronique, mes silences infinis, éloignaient de moi les jeunes filles et faisaient rire les enfants, ces petits êtres à la cruauté sans limite. Je trouvais refuge dans les salles d'étude feutrées des bibliothèques à l'ancienne, peuplées d'érudits absorbés par leurs recherches sur la faune et la flore locales ou la toponymie de la région. Fort naturellement, j'ai fini par prendre racine dans un de ces lieux, où je travaille dans la plus grande discrétion, loin des bruits, chuchotements et écroulements du monde. Mon regard aquatique évite tout contact avec mes congénères.

Elle m'est apparue un matin arc-en-ciel. C'était dimanche, il avait plu, le ciel oubliait sa colère et la chaleur séchait déjà un peu le bitume. Mon voisin, le Chinois, exerçait son art préféré : après avoir trempé son pinceau dans une flaque d'eau, il dessinait des idéogrammes sur le sol, totalement absorbé dans la joie de ses créations si fragiles, si éphémères, dont la disparition semblait rejoindre quelque profondeur de son âme. Peu pressé, comme à mon habitude, je m'étais arrêté pour le regarder et je suis resté là un bon moment, un peu hypnotisé. Lorsque j'ai levé les yeux, je l'ai vue, là, si près, trempée de la récente averse. Elle aussi observait attentivement l'artiste. Elle portait des bottes en caoutchouc vert grenouille et un pardessus irisé sur lequel jouait le soleil. La pluie avait transformé sa chevelure en un étrange tissage d'algues brunes dont des gouttes s'échappaient encore.

lundi 13 octobre 2008

?

que disent ces regards ce sourire quels mots non oui peut-être je fuis tu ris j'ai peur douceur rousseur je pluie dedans tu manges mes yeux je bois tes lèvres ton geste tu ne veux pas c'est sûr non je le savais j'implore ne dis rien rougeur pâleur un ange passe tu joues je joue nous ne voulons rien demain peut-être non oui sourire tes yeux impudence insolence violence je joue à jouer ne pars pas je veux c'est sûr tu ne sais pas je sais j'ignore tout

mercredi 8 octobre 2008

Lucidité

"Der Kreis meiner Gedanken ist wahrscheinlich viel enger, als ich ahne."

(Le cercle de mes pensées est vraisemblablement beaucoup plus étroit que je ne le soupçonne)


Ludwig Wittgenstein, Remarques mêlées (T.E.R. bilingue, 1984)
Traduit de l'allemand par Gérard Granel